Selon l’ayurvéda, il existe dans le corps humain 108 points vitaux et énergétiques appelés “marmas”. Marma, mot sanskrit, signifie “caché”, “secret”. Ces points de rencontre et de fusion entre la matière et la conscience assurent la régulation de la circulation de l’énergie vitale (Prana), lien entre le corps subtil et le corps physique. Suite à une mauvaise gestion du stress et des émotions, des blocages peuvent s’y produire, empêchant cette énergie de circuler librement, ce qui crée des déséquilibres tant au niveau mental que physique. La stimulation de ces points, par un massage localisé effectué avec des huiles adaptées et des outils en bois, ou par acupression, permet d’éliminer ces blocages et donc de réguler et rééquilibrer les fonctions de l’organisme.
Il existe 3 niveaux d’énergie qui relient le corps au mental et à la conscience spirituelle, ce sont :
– les Chakras, centres d’énergie subtile, situés sur le corps éthérique ou Pranique,
– les Nadis, canaux subtils véhiculant le Prana (énergie, souffle vital) depuis les chakras vers différents points du corps éthérique et physique, et
– les Marmas, intersections subtiles de nadis placés sur le corps physique.
La science des marmas est particulièrement importante dans le système de médecine Siddha du Sud de l’Inde. Les Marmas sont placés sur le corps là ou les 2 principes Purusha (la conscience, le Prana endormi) et Prakriti (la nature, le Prana éveillé) se rencontrent. Les 108 marmas harmonisent la manifestation de la matière avec notre quête de réalisation.
Histoire des marmas
La science des marmas s’est développée en même temps que la civilisation et l’art de guérir dans l’Inde ancienne qui a vu naître une des cultures les plus vieilles et les plus évoluées qui soient. Tout a commencé avec la civilisation de l’Indus Sarasvati (3500-1700 av. J.C), la plus importante civilisation urbaine de l’époque, comme l’ont révélé les grands sites archéologiques (Harappa, Mohenjodaro, Rakhigarhi et Dholavira), qui pour la plupart sont situés sur les rives de la Sarasvati, fleuve depuis longtemps asséché dans le nord de l’Inde. La marmathérapie s’est développée à partir de cette époque en même temps que d’autres disciplines védiques – entre autre le yoga – ce qui est évident car on a trouvé sur ces sites de nombreux sceaux sur lesquels figurent des postures de yoga ou des postures de méditation. Des textes védiques très anciens, qui datent probablement de cette époque, décrivent d’importantes zones de marmas comme la tête, le coeur et le nombril, ainsi que différentes sortes de prana, les tissus et les organes du corps.
Cette longue période d’apprentissage a été suivie par la période classique de l’Ayurveda (1700 av. J.C-700 ap. J.C) au cours de laquelle les principaux textes ayurvédiques ont été compilés : Charaka Samhita, Sushruta Samhita, Asthanga Hridaya et Ashtanga Sangraha. Ces classiques font référence aux marmas, notamment le traité de Sushruta, qui était chirurgien. De cette même période datent des textes de yoga qui décrivent des asanas, le pranayama et les nadis, et mentionnent également l’usage des marmas. A la fin de cette période, la religion bouddhiste a diffusé vers l’est, en Chine et au Japon, l’Ayurveda, la marmathérapie et les arts martiaux qui leur sont apparentés.
Après cette période classique l’Ayurveda a connu un long déclin causé par les invasions étrangères et la domination coloniale, qui s’est prolongée jusqu’à l’époque moderner et au cours de laquelle ont été perdus de nombreux textes et de nombreuses pratiques, ainsi que des informations précieuses sur les marmas. C’est seulement récemment, depuis l’indépendance de l’Inde en 1947, que l’Ayurveda connaît un regain d’intérêt et que des recherches sont entreprises sur des sujets tels que les marmas. De nos jours on considère qu’il s’agit là d’un des aspects les plus importants de l’Ayurveda, qui nécessite une nouvelle approche critique et de nouvelles modalités d’application.
La connaissances des marmas faisait partie de l’entraînement du guerrier qui apprenait à maîtriser son prana à des fins défensives ou offensives. L’ancien code védique mettait l’accent sur le développement de l’énergie personnelle, du courage, de l’autodiscipline, qui avaient pour fondement la connaissance et la maîtrise du prana et des principaux sites où il se trouve. De nos jours, c’est dans l’Inde du sud que ces arts martiaux védiques sont les mieux préservés, comme le Kalari Payat (dans le Kerala) et le Kalari Payirchi (dans le Tamil Nadu). La forme la plus élaborée des arts martiaux est le Marma Adi ou Varma Adi pour la pratique duquel la connaissance des marmas est indispensable. Cet art de l’autodéfense est à l’origine du Varma Kalai ou Varma Chikitsa, la marmathérapie ou la varmathérapie. Les médecins spécialistes de cette thérapie étaient tenus en haute estime et obtenaient souvent le titre de médecin royal.
Il est possible que la médecine chinoise se soit approprié des aspects de la marmathérapie, qui a de nombreuses similarités avec l’acupuncture, en faisant des emprunts à l’Ayurveda et à la médecine des Siddhas.
Source : “Ayurveda et marmathérapie”, du Dr David Frawley.
Déroulement d’une séance de marmathérapie
Les points marmas sont idéalement traités dans le cadre d’un massage corporel. Cela aide à s’immerger dans une détente maximale afin que le traitement de certains points plus douloureux ne soit pas vécu comme une intrusion désagréable.
Naturellement, lorsqu’on traite les marmas on doit considérer les différents éléments de la constitution (prakruti). Les marmas, qui sont des centres d’énergie, sont en relation directe avec le prana et avec le dosha correspondant, mais ils agissent également sur les autres doshas. >> Lire l’article : “Prakruti, découvrir son profil ayurvédique”.
- Le type vata peut utiliser la marmathérapie pour contrôler et réguler le niveau de vata dans le corps et dans l’esprit, notamment là où il peut s’accumuler : le gros intestin, les os, les articulations, le système nerveux.
- Le type pitta tirera profit des marmas pour rafraîchir pitta en excès dans les sites où il s’accumule : l’intestin grêle, le foie, le sang et supprimer l’acidité, désintoxiquer le foie, cesser l’inflammation, calmer la colère.
- Le type kapha traitera l’excès de mucus, les congestions, oedèmes, la prise de poids particulièrement dans les sites où il s’accumule : l’estomac, les poumons, le système lymphatique, les tissus adipeux.
Pour une séance, quelques points marmas sont sélectionnés et traités selon les besoins. Dans le cadre d’un massage, on utilise des huiles essentielles choisies judicieusement, des Lepa (pâte de plantes) ou d’autres formulations d’huiles spécifiques pour soulager les déséquilibres constatés. Le but est d’équilibrer les fonctions naturelles par un soin doux et agréable. Il est recommandé de faire suivre cette pratique par un bain de vapeur (Swedana). A savoir que les marmas peuvent également être traités par acupression (Mardana), le patient étant partiellement vêtu. La durée d’un soin est d’environ 1h15 et dépend de chaque individu.
S’il n’est pas réalisé à la suite d’un bilan ayurvédique, le soin de marmathérapie nécessite un entretien préalable pour pouvoir déterminer les points à traiter. En quelques mots, un soin qui agit en douceur sur les points subtils pour rééquilibrer le corps et l’esprit.
En cas de doute et de traitement en cours, demandez l’avis de votre thérapeute.

