Les premières traces de l’Ayurveda remontent aux origines des textes anciens, les Veda, au nombre de quatre, dont l’un d’entre eux, l’Atharva-Veda aborde la médecine ayurvédique. Il distingue huit branches principales de cette médecine dont bhutavidya, purement orientée vers la psychiatrie.
Une des principales observations en Ayurveda, c’est que la majorité des maladies sont d’origine psychosomatique. Cette médecine ancestrale considère qu’un individu en bonne santé est un individu dont les facteurs psychologiques et physiologiques sont en équilibre, ce que l’on nomme swasthya. D’un point de vue psychologique, sama dosha représente un équilibre harmonieux des doshas dans le corps, mais cet état n’est possible que lorsque prasannatma (l’âme épanouie), pranasanna namasha (un mental équilibré), et sama indriya (les 5 sens en éveil) sont pleinement développés et nourris au quotidien, renforcés par des habitudes quotidiennes saines. Parmi ces dernières, on observera l’importance d’une nourriture équilibrée (ahara), un sommeil réparateur (swapna), une bonne hygiène de vie incluant une routine de nettoyage du corps et de l’esprit par les techniques de yoga et de pranayama bonnes pour le prana (dinacharya).
L’Ayurveda observe l’individu dans son ensemble, elle est holistique et naturelle, prenant en compte tous les paramètres et antécédents de l’individu l’ayant conduit ou non à la maladie. Alors que l’allopathie moderne traite seulement les symptômes, l’Ayurveda prend son temps. Point de précipitation pour “vite” mettre un couvercle sur les symptômes, mais bien d’en comprendre les causes. Un traitement efficace commence donc dans l’assiette, puis dans de nombreuses propositions thérapeutiques adaptées à l’individu, sa constitution (prakriti) et les déséquilibres présents (vikriti). Cette approche holistique prend en compte tous les aspects physiologiques, psychologiques et psychosomatiques, pouvant être parfaitement complémentaire à l’allopathie, ce qui donne d’excellents résultats de guérison pour déraciner l’origine des maux et changer son style de vie pour maintenir l’équilibre de ses doshas.
En cause principale vérifiée dans la majorité des déséquilibres psychologiques, un excès de vata dans le corps parmi les trois doshas qui gouverne notre énergie (lire l’article au sujet des doshas ici). Mais vata n’est pas le seul responsable. En effet, différents facteurs de stress perturbent les trois doshas (vata, pitta et kapha) et sont donc impliqués dans plusieurs maladies. Les différents stress (physique, environnemental, psychologique) affaiblissent le système nerveux (majja dhatu) qui est étroitement lié au dosha vata, dosha responsable du mouvement dans le corps par les 5 vayus. Lorsque le dosha vata se déséquilibre, cela impacte un ou plusieurs vayus (parmi : prana, apana, samana, udhana, vyana), entraînant une irrégularité dans le fonctionnement de l’organisme, au niveau physique, physiologique et psychologique. C’est ainsi que divers symptômes apparaîtront : tremblements, convulsions, paralysies, douleurs, blocages, tensions, troubles des organes digestifs, des organes des sens ou de la structure osseuse. A long terme, la formation de diverses maladies de type vata (nidana vaitika), recensées au nombre de 80 dans les textes fondateurs de la médecine ayurvédique.
L’Ayurveda recommande comme premier traitement d’éviter les facteurs causant le stress (sahasam sada varjayate). La prévention prévalant sur la guérison, la meilleure façon d’éviter le stress est d’avoir une compréhension approfondie des éléments et facteurs déclencheurs de stress.
Parmi les très nombreuses herbes recensées par la pharmacopée ayurvédique, certaines ont des effets remarquables sur les troubles mentaux. Cet article, loin d’être exhaustif, vous en présente quelques unes.
6 plantes ayurvédiques contre le stress et les troubles mentaux
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Ashwagandha (withania somnifera)
L’ashwagandha est une plante connue en Ayurveda. Ce petit arbuste aux feuilles ovales donnant des petits fruits rouges contient de la choline (groupe des vitamines B), des alcaloïdes stéroïdiens, des acides aminés, des phytostérols et du fer. Réchauffant pour le corps (idéal en hiver et pour vata), antistresss, énergisant, stimulant, l’ashwagandha traite de nombreux maux, états dépressifs, troubles obsessionnels, compulsifs, dépressions, hyperactivité notamment chez les enfants. C’est donc un excellent anxiolytique naturel mais aussi un ralentisseur du vieillissement et des troubles tels que l’arthrite, la polyarthrite rhumatoïde, l’hypertension, la sclérose, l’hypothyroïdie, le déséquilibres des glandes surrénales, etc.
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Jatamansi (nardostachys jatamansi)
Jatamansi est une plante ayurvédique antistress et antianxiété de la famille des Valérianacées dont l’extrait des racines donne de bons résultats sur le cerveau en bloquant les perturbateurs endocriniens. En Occident, on la connaît plus souvent sous le nom de « nard » (spikenard en anglais). Elle est anxiolytique, neuroprotectrice, antistress, antidépresseur, antispasmodique, antibactérienne, antifongique, anti-inflammatoire, antihypertenseur et carminative. Elle équilibre les trois doshas et agit principalement sur le dhatu Rasa rakta (le sang), ainsi que les nerfs, le cœur, l’intellect pour dissiper le stress et les désordres mentaux.
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Shatavari (asparagus racemosus)
“L’herbe aimée des femmes” est recommandée pour pallier les symptômes psychologiques liés à la ménopause, stimuler la fertilité et renforcer l’immunité. Selon l’Ayurvéda, shatavari est une des plantes les plus importantes pour la santé du système reproducteur féminin. Elle soutient, renforce et tonifie l’organisme. Efficace pendant le cycle menstruel, elle régule le flux sanguin et apaise efficacement les douleurs, gonflements ou maux de tête. En Inde, on dit aussi que cette plante intervient quand le corps et l’esprit sont en état de surchauffe, d’épuisement ou de déséquilibre, comme c’est parfois le cas au moment de la ménopause. Rafraichissant, le shatavari apaise les bouffées de chaleur et régule les humeurs. Les substances actives de cette plante indienne présentent aussi des vertus pour les hommes. Le shatavari améliorerait la qualité du sperme grâce à un effet spermatogénique, c’est-à-dire qu’elle stimule la fabrication des spermatozoïdes. Shatavari est également utilisée pour son effet calmant en cas d’irritation gastrique qui se manifeste par des brûlures d’estomac ou des diarrhées.
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Curcuma (curcuma longa)
Le curcuma (haldi en hindi, turmeric en anglais) a une place de choix dans la pharmacopée ayurvédique pour ses propriétés anti-inflammatoires. C’est l’une des 5 plantes au monde détenant le plus de propriétés antioxydantes. Epice produite de ses rhizomes, il apaise l’anxiété, la dépression tout en nettoyant les artères et en calmant les inflammations intestinales qui sont souvent sources de troubles mentaux. La synergie des effets anti-inflammatoires et antioxydants de la plante permet de neutraliser les substances cancérigènes apportées par l’alimentation ou résultant d’un comportement à risque comme chez les fumeurs. On sait combien les troubles mentaux sont fortement liés à notre 2e cerveau. Le curcuma agit sur le syndrome du colon irritable en stimulant de façon sensible la production et la qualité du mucus gastrique. Il tapisse la paroi intestinale et aide à combattre les irritations et les douleurs abdominales. Pris sur le long terme et en complément d’une bonne alimentation et hygiène de vie, le curcuma est un allié efficace pour assurer la longévité et l’énergie globale.
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Brahmi (bacopa monnieri)
Le brahmi est une herbe répandue en Inde et bien connue pour calmer les troubles psychiques par son action réductrice du taux de cortisol, hormone du stress. On l’utilise dans des soins spécifiques et en massage, notamment sur la tête pour ses propriétés revitalisantes. Brahmi équilibre les trois doshas (plus particulièrement vata et pitta) et agit profondément sur la conscience, l’acuité sensorielle, la concentration, la mémorisation, le sommeil.
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Bhringraj (eclipta alba)
L’alcaloïde contenue dans cette plante nomme ecliptine est riche en protéines, idéale pour revitaliser le cuir chevelu et traiter toutes sortes de troubles mentaux. On l’utilise fréquemment pour lutter contre les chutes de cheveux d’où son surnom, “la plante des cheveux”. Réparatrice et anti-âge, elle prévient le processus de vieillissement des tissus en favorisant leur régénération. Apaisante, elle soulage les peaux délicates et calme les inflammations cutanées tout en illuminant le teint. Elle apaise vata et kapha, et peut augmenter Pitta si elle est utilisée en excès.
Comment prendre ces plantes ?
En médecine ayurvédique, les plantes sont généralement ingérées grâce à un ingrédient conducteur (anupana), afin d’être mieux assimilées par l’organisme et d’être conservées plus longtemps. Parmi les différentes préparations à base de plantes, on trouve :
- les poudres (curpa) de plantes pulvérisées au mortier,
- les pâtes (kalka) dont les extraits de plantes sont mélangés à de l’eau (kashayam ou kwatham) ou du lait (ksheera paka),
- les pilules (vataka) et les comprimés (ghan vati et gulika),
- les jus (svarasa),
- les décoctions (kvatha),
- les infusions chaudes (phanta) ou froides (hima),
- les fermentations alcooliques (asavam et arishtam),
- les huiles médicinales (tailapaka),
- les suppositoires (phalavarti),
- les produits torréfiés (putapakas),
- les gargarismes (kavala),
- les compresses, cataplasmes et emplâtres (ghrtas),
- les caustiques (ksara karman),
- les beurres médicaux (sneha).
L’un des meilleurs anupana est le ghee (beurre clarifié dont vous trouverez la recette ici) car il nourrit les tissus nerveux et la moelle osseuse. Il constitue un important tonique régénérant (rasayana) pour le mental, le cerveau et le système nerveux (majja vaha srota). De plus, il accroît le feu digestif (jatharagni) ainsi que toutes les énergies digestives et enzymes du corps, et cela sans congestionner le foie, comme le font les autres matières grasses. Enfin, le ghee augmente l’immunité (Ojas), qui est l’essence subtile de tous les tissus (dhatus). Et en augmentant Ojas, il soutient Tejas (le feu mental), améliorant ainsi la flamme de l’intelligence et de la perception (medhagni).
Les plantes ainsi macérées et cuites avec le ghee forment une médecine appelée Gritham. Mais une autre méthode adaptée, est de mélanger ½ à 1 cuillère à café de poudre de plante avec 1 cuillère à café de ghee pure à prendre à jeun le matin.
Note : Ce n’est pas parce que c’est naturel que çà n’est pas nocif. L’usage des plantes doit être fait avec respect et précaution. Faites-vous accompagner par un thérapeute pour connaître les synergies et doses appropriées. Les conseils en phytothérapie donnés à titre indicatif ne remplacent en aucun cas un traitement médical et un suivi médical, donc avant toute automédication, il est nécessaire de demander conseil à votre médecin.
Comment se procurer ces plantes ?
Je vous conseille de commander vos plantes sur des sites spécialisés en veillant à la qualité de la composition pour chacune d’elles et leur provenance. On les trouve souvent en poudre ou sous forme de gélules, les gélules pullulan sont plus appréciées par ls vegan. Approche naturelle issue de la fermentation du tapioca ou du maïs, sans gluten, sans OGM, le pullulan ne requiert aucun conservateur, ni adjuvant chimique ou solvant. Il assure une libération stable des actifs et préserve bien mieux que toute autre tunique les actifs sensibles à l’oxygène. Contenant écologique sans bisphénol A et phtalates, ni perturbateurs endocriniens.